Vacataire story
Mes bons lecteurs et bonnes lectrices,
Il me semble voir dans vos yeux que je ne distingue point mais que je devine, que vous êtes au bord du suicide en rentrant chez vous le soir. Nous sommes en plein mois d'août, et pour la plupart d'entre vous, les vacances riment avec job d'été. Et oui, faut bien se faire de la thune pour frimer à la rentrée.
Ces vacances d'été, je ne "travaille" pas vraiment, on va dire que Mam'zelle reste chez elle comme une feignasse... mais pour bosser quand même (ne croyez pas que je suis une sous larve). Le "rêve" d'un emploi à la maison.
Avec douceur, je me souviens de l'été dernier (souviens toi l'été dernier, et dire que je voulais vous mettre le lien de la chanson des regrettés 2be3 *sèche une larme de crocodile* mais qu'elle n'est pas disponible sur internet ce qui est, bien évidemment une honte suprême *repleure de plus belle*) alors que je n'étais qu'une simple petite vacataire, employée de bureau, au mois d'août. Il y a un an pile, je rentrais en pleurs, ou presque (exagère toujours les faits) tous les soirs.
Vous aussi, vous ne supportez plus vos collègues ? Vous aussi, vous avez envie de vous servir de l'agrafeuse pour un autre usage qu'empiler des dossiers ? Suivez-moi ...
Passke j'suis une fille très douée, très intelligente, et dotée de différentes capacités inhérentes à mon physique, j'ai réussi à rentrer dans la sacro-sainte... fonction publique. Ouh yeah ! Qu'est-ce que j'entends au loin ? Piston ? Mais non, jamais. N'allez pas croire cela, vilains. Je suis douée, voilà tout. Le premier jour d'août, après s'être dorée la pilule au mois de juillet sur les sables chauds pour se faire un bronzage made in... climat pourri, je me pointe dans le bureau de madame la directrice, toute vêtue d'une veste d'auxiliaire contractuelle (ça en jette, n'est-ce pas ?)(en fait c'était juste une jolie veste qui m'avait coûté la peau de l'arrière-train) parce que je croyais que ça allait impressionner et surtout faire croire que j'y mets de la bonne volonté (FILEZ MOI DES THUNES) En dix minutes chrono, me voilà à faire le tour du service, à serrer des mains inconnues que je ne sais même pas s'ils sont allés se laver les mains après être allés aux toilettes (car moi, je le fais), fébrile, mais confiante. Joie, je vais tapoter des chiffres, et pis ça va être trop cool. Je vais pouvoir frimer auprès des copains qui eux, n'ont pas de boulot (sales nuls).
Une demi-heure plus tard, me voici en compagnie de celle qui supervisera mon travail au cours de ce mois. Nous la nommerons pour être très polis... la vieille. La vieille, donc, passe le plus clair de son temps au téléphone, et ne croyez pas que c'est pour le boulot. A moins que réserver sa place chez le coiffeur soit un rendez-vous professionnel, mais permettez moi d'en douter. Allez, pour vous, mes choupinous, je vais encore une fois dénoncer, vous savez bien avec le temps maintenant que c'est ce que je préfère le plus au monde. Le portrait de cette... vieille n'est pas complet, mais on ne peut plus véridique : la journée pour elle se déroule de la sorte. Arrivée à 9h, pause café à 9h10, une heure pour mettre en route la machine (et surtout ne pas en proposer à la vacataire), une heure pour boire son café. 10h : "Olala, on en a du travail !", 10h10: "Mam'zelle, allez me faire des photocopies, allez me chercher mon café, et après continuer votre travail"; 11h30 départ pour la cantine, retour à 13h30, jusqu'à 14h c'est à dire jusqu'au retour du chef : appels téléphoniques en tout genre. 14h - 16h30 : fera semblant de bosser. 16h30 : la vieille est fatiguée, après s'être plainte, et va faire une petite sieste, aka s'en va.
Le portrait de Mam'zelle en filigrane:
8h30 : arrivée sur les lieux du crime.
8h31 : prend son crayon, prend ses papiers, et s'amuse à faire des petites croix et à vérifier les factures
12h : CAAAAAAAAAAANTINE
13h30 - 17h30 : factures, factures, entendre la vieille se plaindre.
Ajoutez à cela le patron, jeune cadre dynamique, qui passe sa journée à lécher les bottes (je n'ai pas osé dire lécher le cul) de son supérieur, jusqu'à aller se mettre à côté de lui à la cantine (cétipamignon). Vous voyez la tête du premier de la classe ? Celui qui se vante d'avoir été premier au concours, qui se la pète en disant qu'il aurait très bien pu avoir un meilleur boulot mais que celui-ci vous voyez j'ai ma femme qui ne peut pas quitter la région...
Le monde des fonctionnaires est quand même assez conforme à ce que l'on veut bien entendre. Par contre, OUI il y a des personnes qui font leur travail de manière consciencieuse, OUI il n'y a pas que des feignasses, mais il y a surtout des vieilles qui ont l'âge de la retraite mais qui ne partent pas (de toute façon leurs places ne seront pas remplacées). Un job mention agrafeuse avec des momies. Chouette.
Mais je ne suis pas qu'une sale mauvaise langue. Y'en a eu des moments chouettes. Comme aller à la banque de France accompagnée d'un collègue qui armé d'un couteau déchire les enveloppes avec son arme de prédilection. Comme goûter à une cantine vach'ment bonne. Comme se sauver aux heures de cantoche pour filer voir une amie. Comme se faire offrir des madeleines par les collègues qui sont gentilles (pas la vieille, donc). Ramener, comme la tradition le veut bien, les croissants le dernier jour et glander sur Facebook ce même dit dernier jour. Comme saboter une journée de travail sans faire exprès et avoir peur pour sa vie passke ce boulot était destiné au mec qui a le couteau à la banque. Comme voir plein de billets de banque. Comme sympathiser avec les mecs qui font le courrier et avoir des compliments. Comme étant regrettée par le patron qui veut que je passe les concours de la fonction publique (tu peux rêver mon cher). Comme savourer deux jours de congés inespérés. Comme voir la paie à la fin du mois. Comme ne plus dire des saloperies sur les fonctionnaires.