Educacation natio-anale
Bonjour mes p'tits loups,
Aujourd'hui, grande nouvelle : Mam'zelle fait son entrée dans l'éduca(ca)tion natio(a)nale. Attention, pas du côté des élèves... j'ai passé le temps de fréquenter les salles de cours de collège et de lycée (à mon grand regret, c'était la belle époque des sacs Eastpack et du seul souci de savoir si le nouvel album de Kyo déchire tout (oui on a des goûts de merde à 15 ans)). Non, je passe du côté obscur de la force : je deviens professeur.
Mais vous allez me dire "Comment est-ce possible, tu es encore étudiante" et blablabla. Effectivement, je suis encore étudiante. Et ma formation a eu la magistrale idée de mettre en place une formation en alternance c'est-à-dire de proposer aux étudiants de continuer à suivre les cours tout en donnant 4 à 6 heures de cours par semaine, en collège ou lycée. Et comme je suis une rabat joie de première, je vais déjà cracher dans la soupe.
Vas-y je te lâche dans la fosse aux lions SANS FORMATION
Nada. Nothing. Nichts. RIEN. On propose à des étudiants qui certes ont déjà des années au compteur, à devenir professeur. Sauf que ça ne s'improvise pas comme ça. Voilà bien un problème généralisé de tous les étudiants se destinant à être fonctionnaire pour l'éducation nationale. Pour ma part, j'ai choisi de le faire, en admettant les conséquences de ne pas être formée. Sauf que je me retrouve dans un petit collège pas très facile, avec des gamins un peu difficiles. Mais mon propos se destine davantage à ceux qui VEULENT être professeurs. Passke moi voyez, c'est un job d'appoint comme un autre.
L'IUFM est une grande fumisterie. Dédicasse spéciale à tous mes potes qui y sont et qui s'arrachent les cheveux. Ils sont blindés de cours (ça, passe encore), font au maximum 2/3 stages en deux ans. Et après on me dit que c'est suffisant pour se faire une idée d'une classe. Mais laissez-moi rire et en frapper deux trois sur mon passage. La réalité est toute autre. Pendant ces stages, les futurs enseignants n'ont presque pas d'autonomie, ils se contentent de regarder, d'observer et pour le peu qu'ils tombent sur un ou une enseignant(e) complétement incompétent(e) (incompétent(e) j'aime ce mot !), il ou elle n'aura absolument rien vu du métier. Pire encore, il ne saura jamais véritablement être préparé à toutes les éventualités possibles devant des gosses. Passke l'IUFM prépare aux concours pour être enseignant(e) chez les petits. Le CRPE qu'on appelle ça. Concours pour Ramer à être Prof pour l'Education nationale. Une fois le concours in the pocket, tu l'as dans l'arrière-train : tu es lâché(e) dans l'eau qui est bien évidemment remplie de crocodiles tous plus affamés les uns les autres. Et pour peu que vous vous rendiez compte par la suite que vous n'arrivez pas à gérer une classe de 25 marmots aux crocs asserés, bonjour la galère.
Être professeur n'est pas quelque chose d'inné. On n'a pas le chromosome P aka chromosome PutainProfParfait. Ca s'apprend. La pédagogie n'est pas donnée pour les chiens. Or, je constate avec effarement que les étudiants d'IUFM ont certes des cours de maths, de français, d'histoire géo et j'en passe, mais AUCUN cours qui normalement dans la vraie vie devrait se nommer "Comment se débrouiller avec des enfants qui passeront leur temps à te tester et à te bouffer". Non, pas forcément ce genre de cours, mais de la pédagogie, bordel. Les stages devraient être systématiques. Et durer au minimum un mois. Et que le futur enseignant prenne le véritable contrôle de sa classe.
Passons désormais au CAPES, le concours pour Canaliser l'Animal Pré-ado Excité assoiffé de Sexe. Même chose : formation ? Quoi ? Hein ? Répetez voir je vous prie. FORMATION. A l'université, ce mot est genre trop un gros mot qu'il faut pas prononcer. Alors oui, tu connaitras ton domaine par coeur, mais connaître la réalité d'une classe, tu ne sauras pas.
Qu'est-ce que je voudrais dans une vie des Bisounours ?
Des étudiants formés, au courant. Pour que l'éducation nationale ne recrute pas des profs incompétents. Un-Con-Pétant. (Mais je suis trop drôle !)
Je vous laisse: 35 adolescents m'attendent cet après-midi. Et le premier qui me dit que je suis trop bonne, je lui fous une tarte dans la gueule.