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Vous m'êtes inconnu, vous m'êtes familier. On se croise, on se voit, on se parle, on échange quelques bribes de vies. Et pourtant vous me connaissez de l'intérieur. C'est injuste. Vous êtes le seul à avoir vu ce que jamais personne d'autre ne verra, et pourtant je ne connais rien de vous.
Vous me réconfortez. On se vouvoie. On ne peut pas se témoigner de marques de sympathie par le corps. Et pour autant c'est bien ce qui nous relie, le corps. Le mien, surtout. Le votre, je n'en connais que vos mains. Je vous laisse me toucher, me manipuler, me décortiquer. Vous me connaissez de l'intérieur.
Vous connaissez sans doute alors les tréfonds de mon âme. Nous ne sommes pas sur un même pied d'égalité. Voilà bien pourquoi vous êtes vous, et je suis vous, pour vous.
Vous me faites donner ce rayon de soleil hebdomadaire que je n'aurais jamais pensé trouver à cet endroit. Dites vous les mêmes choses à d'autres ? Vous me guérissez, mes blessures, mon âme vous pouvez la soulager. Les bons mots, le bon sourire, le beau geste. Le geste.
Vous êtes vous et je suis vous, pour vous. Et ainsi ne m'en voulez pas, je vous vouvoie, vous me vouvoyez, un jour tout nouveau, tout neuf, tout réparé, tu me diras peut-être tu.