"Il y aura moins de fonctionnaires, mais mieux payés."
Mes p'tits chats,
Hier, à côté de mes activités génialissimes, je me suis attardée l'espace d'une bonne heure sur l'interview tout à fait surréaliste de Nico Sarko sur la première chaine de désinformation, je veux bien entendu parler de TF1. Télé Factice Number One. Et puis j'ai suivi juste après le débat entre Valérie Pécresse, Marine Le Pen, Manuel Valls et Jean-Luc Mélenchon.
Outre les questions en rapport avec la crise mondiale, les affaires qui salissent l'image de la France dans le monde entier, il a été question des emplois, et notamment des fonctionnaires et plus particulièrement encore des enseignants. Alors là j'ai tendu l'oreille, j'ai bien écouté, et j'ai cru avoir une hémorragie dans mes cavités auditives. Plus Nico parlait, plus Mam'zelle devenait rouge, verte, orange, bleue, violette, bref toutes les couleurs de l'arc-en-ciel, et ne pouvait s'empêcher de lancer des mots pas très fleuris à l'encontre de ma télévision. Je n'y peux rien, j'ai le mot pas très doux très facile. Voilà le pourquoi du comment que j'ai cru m'étouffer. Et tout le monde y passe hein.
Nico parlait des enseignants donc. Et des fonctionnaires en général. Vous savez que les fonctionnaires je les kiffe passke bon voilà, dans mon entourage y'a plein de gens qui bossent pour la fonction publique et que sans eux, pas d'hopital, pas d'administration, pas de profs. Et Nico est en train de tout foutre en l'air. Je vais juste parler des enseignants parce que son "Il y aura moins de fonctionnaires, mais mieux payés" j'ai juste envie d'hurler.
De où les fonctionnaires sont mieux payés ? En enlevant la taxe professionnelle et en en créant une autre sous un autre nom pour cacher le fait qu'en réalité les français seront de toute manière taxés quoi qu'ils fassent ?
Lors du débat sur la deuxième chaine, Marine Le Pen n'a évoqué à aucune reprise la question de l'enseignement, Valérie Pécresse s'est contentée de faire des yeux de biche à la caméra avec son petit air tout mignonchouchoupinounou sans rien dire de concret (alors qu'elle a complétement bousillé l'université française avec ses réformes à la noix) et seuls Manuel Valls et Jean-Luc Mélenchon ont évoqué l'enseignement. En gros qu'est-ce que veut dire "Il y aura moins de fonctionnaires, mais mieux payés" ? Que si les français veulent davantage de fonctionnaires alors ceux-ci seront payés avec trois cacahuètes ? Mais Nico, tu ne penses pas que c'est DEJA le cas que les fonctionnaires ont un salaire tout pourri à côté du tien ? Les fonctionnaires ne sont absolument pas mieux payés qu'avant. Et voilà pourquoi: le pouvoir d'achat. Admettons qu'un français moyen qui fait ses 35heures sera mieux payé, le coût de la vie, lui, est de plus en plus élevé. Payer sa baguette 1€10 au lieu de 0,80€, c'est une réalité qu'une augmentation des salaires ne fera qu'atténuer. Mais les fonctionnaires seront de toute manière toujours dans les excréments les plus douteux possibles.
La France a BESOIN de ses fonctionnaires. L'hopital public premièrement. Pour bien connaître ce milieu, Mam'zelle peut dire que les suppressions d'emploi sont également une réalité. Je suis totalement d'accord sur le fait qu'un chirurgien du public contractuel qui bosse pas à son compte mais pour l'hopital et qui fait des heures de dingue soit payé à la hauteur de son travail. De plus, il sauve des vies ! Personnellement, je trouve tout à fait normal qu'un chirurgien gagne très bien sa vie, je ne suis pas d'accord pour qu'un patron qui glande rien de ses journées à part délocaliser ses entreprises et licencier des employés touche des indemnités à hauteur de millions d'euros. Je suis d'accord pour qu'un fonctionnaire du service public soit payé à la hauteur des services qu'il offre. De même pour la police. Sans police, vous pensez véritablement que la France pourrait s'en sortir ? Et pourtant c'est une réalité, il y a de moins en moins de policiers, et on tombe dans un gouffre sans fin.
Pour ce qui est de l'éducation nationale. Passke c'est quand même ce qui me préoccupe au plus haut point. Il y a peu, je suis tombée sur une vidéo des plus horrifiantes qu'il m'a été donnée de voir. Je vous la fais partager, pour détruire point par point ce qu'il y est dit.
http://vimeo.com/28923541 <<< C'est par ici les loulous ! Cliquez, cliquez !
On commence par de l'alarmisme le plus total "16000 postes sont supprimés en 2011." D'accord, j'approuve, c'est les chiffres.
"Si vous avez des enfants, c'est inquiétant." "Si vous êtes angoissés." On passe là par toucher l'affect, les parents, qui sont effectivement en situation d'inquiétude vis à vis de l'avenir de leurs enfants. (Si tant est que ceux-ci s'occupent vraiment de leurs enfants, et croyez-moi que ce n'est pas tout le temps le cas pour avoir vu des cas assez effarants.)
"Les syndicats assurent que l'éducation nationale manque de moyens alors que le budget n'a jamais été aussi élevé." Mais WTF ? On commence par tacler "gentillement" sur les syndicats. Que le budget de l'éducation nationale n'ait jamais été aussi élevé est une chose, mais quand on voit où est perdu tout le financement dédié à l'éducation nationale on prend peur. On fait des débats stériles sur des questions idiotes comme le retour de la leçon de morale à l'école, comme la réforme de l'épreuve d'histoire de l'art au brevet (une des idées les plus farfelues qui n'ait jamais existé, car c'est un foutoir sans nom et je suis désolée, mais un gamin de 3ème n'est pas à même de savoir véritablement ce qui se cache derrière le tableau Guernica par exemple). Et j'en passe.
Et voilà ! Ca continue par un truc tout à fait HALLUCINANT. Le problème vient donc des programmes et des méthodes enseignées. Bonjour professeur, tu sais que tu n'es qu'un baltringue petit mouton qui ne fait que suivre les programmes pourris et tes méthodes d'enseignement sont bonnes à jeter à la poubelle avec des détritus très nauséabonds. Mais là, je ne peux que crier. M'arracher les cheveux. Me mettre des doigts dans la bouche et vomir mes tripes. Bien que mon expérience dans l'éducation nationale soit très fraiche, j'ai une expérience d'élève aussi. Et non, un professeur ne suit pas à la lettre les programmes. Les plus ingénieux se détachent, font des trucs mignons pour intéresser leurs élèves. A croire que nous ne sommes que des incompétents."Innovations pédagogiques sans queue ni tête", oui, donc retournons à l'an 40. Faut pas déconner, un professeur s'adapte à son public. Un prof de ZEP ne fera pas les mêmes choses qu'un prof dans un collège ou lycée tout mignon. Et désolée d'innover, mais je pense que c'est nécessaire, de s'adapter et d'évoluer dans son temps. Non, je ne prône pas l'enseignement de Keen V' en cours d'instruction musicale ou bien l'apologie de Tokio Hotel en cours d'allemand. Mais je ne peux pas parler de conneries de preux chevaliers du Moyen Age allemand dans mon cours, je dois tenter de faire les choses de manière ludique et sympathique. Ces affirmations font passer les profs pour des nazes. Sans créativité.
Allez hop, on continue en ajoutant un coup de polish sur les profs genre "oh mais vous, vous n'y êtes pour rien" mais "si vous êtes un méchant syndicaliste, alors là oui, vous n'êtes qu'un suppot de Satan". Les syndicats, c'est des pas gentils pas beaux. Qui ne demandent QUE de la thune. Mais est-ce que qu'ils savent véritablement quel est le rôle des syndicats ? C'est celui de tenter de respecter les DROITS des enseignants. Les syndicats ne sont pas bons qu'à faire la grève. Et à croire que revendiquer des droits maintenant c'est comme être collabo. Et vas-y que j'y ajoute une petite remarque sur "Oh les pauvres enfants, ils sont les victimes du système, pauvres petites têtes blondes aux airs angéliques". Hein ? Un gamin en 2011 est une tête blonde ange à ses heures perdues ? Non. On continue. Il y a trop d'administratifs dans l'éduc trou duc. Et sans administratifs, comment on fait tourner un établissement ? Comment est-ce qu'on gère les questions de cantine, de budget ? De plus, je suis totalement en furie quand j'entends qu'un administratif ne cotoie jamais un élève. Quand je passe à l'administration de mon collège (c'est à dire tout le temps passke qu'ils sont chouettes et que je bois toujours des cafés avec ces feignasses et que je rigole bien), je vois TOUT LE TEMPS des élèves. Passke qu'ils n'ont pas réglé leur note de cantine. Passke qu'ils ont été méchants et vont voir monsieur le Principal.
On continue encore avec des chiffres. Passke qu'on sait bien que c'est ce qui fonctionne pour parler à un auditoire. Un prof pour 14 élèves ? Mais où est-ce qu'ils sont donc tous ces profs ? Ah oui, ils glandent comme des tarés dans la salle des profs, boivent des cafés à l'administration en grillant des clopes et ne voient pas les élèves. Les profs fantômes, quoi. Donc, les profs en fait, ils profitent des syndicats pour aller faire la grève au PMU au lieu de donner cours. Là, je ne peux que parler de mon choupinou collègue syndicaliste que je kiffe trop ma race. Genre il ne fait jamais cours. Il assure ses 18 heures, comme n'importe quel prof, et EN DEHORS de ses heures, il gère sa place au SGEG (haha, non, au SGEN). Il passe ses week-end à passer des centaines de coups de reins de téléphone. Il ne fait pas partie d'un syndicat au détriment de ses élèves mais justement pour au contraire faire bouger les choses.
Plus la vidéo avance, plus j'ai de l'urticaire, des poussées de colère et de gerbe. Les syndicats sont constitués de professeurs n'ayant plus AUCUNE idée pour les enfants, toujours stigmatisés comme les pauvres petites victimes d'un système qui fait d'eux des cobayes. Alors qu'au contraire, on se SOUCIE véritablement des élèves. Quels intérêts auraient les syndicats de faire en sorte de ruiner l'éduc trou duc ? Ah oui, j'oubliais, de se faire du pognon sur le dos des gosses pour aller se saouler la gueule au bistrot. J'oubliais.
Depuis 16 ans, le niveau baisse. Oui, à qui la faute ? Aux syndicats, bien évidemment, bouh méchants. Donc on balance des chiffres sur le niveau de merde des gamins. C'est un fait. Les gamins sont de plus en plus nuls. Mais biensûr, c'est de notre faute. Eh non ma bonne dame. Le reste de la vidéo est axée sur ce niveau catastrophique. Mais qu'on se le dise, le problème ne vient pas des enseignants, des syndicats, mais de l'Etat, de la nouvelle génération et des parents.
Est-ce que cette vidéo parle REELLEMENT des parents ? Non, jamais. Et c'est un fait. Les parents d'aujourd'hui ne sont pas les parents d'hier. Je ne dis pas que ceux-ci se sont totalement déchargés de leurs rôles de parents. Non. Bien des parents sont investis, préoccupés, alarmés et veulent nécessairement que leurs enfants réussissent dans de bonnes conditions.
Mais les conditions ne sont pas là. Ca vient bien entendu de la gestion pourrie de l'éduc trou duc. Mais je pleure quand j'écoute cette vidéo passke qu'à croire, je n'ai plus qu'à aller élever des chèvres dans le Larzac.
Je suis convaincue d'être une bonne prof (et une prof bonne) et je suis d'autant plus convaincue que des milliers de collègues sont tous des pédagogues du tonnerre de dieu.
Mais bon. On est des baltringues et des bandes d'incapables.
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