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Mam'zelle l'étudiante & M'dame Prof
4 janvier 2012

Commencer 2012 en fanfare ou le "Tout le monde s'en fout de vot' cours"

Petits chats,

Comme la petite tradition qui n'en était pas une en devient une, voici comment je raconte la fabuleuse histoire, que dis-je, la merveilleuse histoire de la rentrée 2012 avec les chérubins.

13h30 : Après 10 minutes de marche sous la pluie, voilà Mam'zelle qui reprend son souffle (comment ça vous allez me traiter de feignasse passke 10 minutes ce n'est rien ?). Je rectifie, après 1h de trajet + 10 minutes de marche, me voici devant la porte d'entrée de l'établissement. Après avoir enlevé les z'écouteurs des z'oreilles (avec le MAGNIFIQUE "Where the wild roses grow" de Nick Cave en duo avec Kylie Minogue)(c'est là, vu que Canalblog ne veut pas que j'intègre la vidéo Youtube)(http://www.youtube.com/watch?v=AjTY8ildtFU)

13h31 : Mam'zelle se décide tout de même de rentrer dans le hall d'entrée. Comme d'habitude, y'a toujours les méchants élèves qui attendent de se faire passer un savon par l'Tigre.

13h32 : Le Tigre m'aperçoit et se jette presque à terre pour me saluer. Et meilleurs voeux, et comment c'était les vacances, et que vous avez meilleure mine qu'avant les vacances (faut dire qu'un panda combo loutre aurait eu meilleure mine que Mam'zelle avant les vacances) et que voilà ti pas qu'il pose THE question qui fâche : "Vous avez eu des nouvelles du rectorat ?!" Bordel. Si tu me parles encore une fois de cette visite, je t'étripe et sec. Mam'zelle n'a aussi pas compris sa logique à base de "Vous savez, ils avaient peut-être envie de vous voir vous, et que c'est pour ça qu'ils ont choisi not' collège". Impossible. Ils ne m'avaient jamais vu auparavant. En effet, s'ils m'avaient vu, j'aurais de suite compris leur impétueuse envie de me voir, mais tout de même.

13h45 : Après avoir fait le tour d'à peu près tous les bureaux pour souhaiter les voeux, me voici avec ma grande amie : la photocopieuse. Je ne vous ai jamais parlé de mon amour pour la photocopieuse ? A croire qu'elle a toujours décidé de me faire du mal. Elle ne fonctionne jamais quand je l'actionne de mes fins et délicats doigts. Le papier est soit coincé, soit inexistants, et c'est toujours sur ma gueule que ça tombe d'aller chercher les ramettes de papelard. Et là, ça n'a pas loupé.

13h55 : Après être allée chercher le papier, je me rends compte en passant une porte sur laquelle est généralement affiché les absences des professeurs que le collègue mignon a décidement peur de me revoir. Ce con a décidé de s'absenter juste l'après-midi. Juste quand je suis là. Ou alors c'est sa meuf qui m'a vu et par conséquent elle flippe et demande à son homme de rentrer fissa à la baraque sinon elle risquerait de se fâcher bien rouge. Je monte donc les escaliers vers la room of the teachers avec une petite déception, celle de ne pas lui dire bonjour. De ne pas lui souhaiter les voeux. Et par la même feinter pour lui faire une bise. Bah oui, pour la nouvelle année. J'aurais apporté du gui pour l'occasion. Tant pis.

13h57 : La photocopieuse refonctionne ! Est-ce que ce sera la même chose avec la cafetière ? Je ne vous ai non plus pas parlé de la cafetière ? Il faut pourtant appuyer sur UN bouton et mettre du café, mais Mam'zelle trouve toujours le moyen de se blesser et de pisser le sang en tentant de la faire marcher. Mais aujourd'hui à croire qu'elle a décidé d'être gentille avec moi. J'ai bien le temps de boire un café en attendant les photocopies.

14h10 : Les clés dans la serrure de la porte de ma salle, je rentre. Ce doux parfum à base de ce je ne sais quoi, ce tableau blanc immaculé, ces tables qui risquent à tout moment de s'écrouler (comme les chaises, ce qui donne des situations comiques parfois quand Brandon s'est pété la tronche ce qui provoqua l'hilarité générale (moi y compris)(sauf que moi, je n'ai pas le droit de le montrer)), cette armoire remplie de trésors germaniques, cette estrade où j'aime à me mettre pour faire porter ma voix. Tout. Je me prends même à avoir envie que mes monstres arrivent. Un accès de folie surement.

14h50 : Après divers check-up de mails dans le serveur interne des logiciels que j'y comprends jamais rien mais que siiiii regarde Mam'zelle, c'est pas compliqué, tu cliques là, tu cliques sur le serveur, t'as ton code (bon, il ne fonctionnera qu'une fois sur deux), ensuite tu vas là, ici, tu tapes mille codes et le tour est joué j'entends la sonnerie retentir. Je l'avais oubliée celle là, stridente, affreuse. Mais attention, y'a encore mon moment favori : la récrée !

14h50 - 15h10 : La fameuse récrée en salle des profs, celle où tu sais quels jours quels collègues seront là, et tu sais déjà pertinemment ce qu'ils vont dire. Celle là se plaindra TOUJOURS du même élève, cette autre se lamentera sur les 4èmes JUSTE avant que toi, Mam'zelle tu vas devoir te les coltiner. Tu tâtes donc le terrain. Apparament, aujourd'hui, ils sont chiants. J'adore !

15h10 : J'aperçois, pour la première fois de 2012, la tête d'un élève. Biensur eux et la politesse ça fait quinze mille, alors tu peux toujours aller te torcher pour avoir un bonjour. Ou peut-être je dirais un bonjour sur 20 têtes blondes.

15h15 : Ils sont tous assis, et relativement calmes. Quand je dis relativement, je dirais qu'un prof habitué à des Bisounours aurait dit que c'était grave le bordel. Mes petits veulent savoir comment qu'on dit bonne année en allemand. Et là je me la pète et décide de leur faire peur.

"Ich wünsche Ihnen einen guten Rutsch ins neue Jahr !"

Vingt paires d'yeux sur ma gueule.

15h30 : Premier incident de l'année. Le Tigre a été formel : PAS DE CADEAUX. Comme si j'avais décidé d'en faire. Ce petit chieur me fait la zermi depuis le début, j'y suis habituée, il est juste un baltringue qui n'en branle pas une (quoique se branler ça il doit très certainement savoir faire) alors qu'il est intelligent et il a surtout des réactions d'un gosse de 3 ans. Sa phrase favorite : "MAIS J'AI RIEN FAIIIIIIIIT !!!" On voit là le niveau argumentatif d'un élève de 4ème. Après plusieurs avertissements, je décide de lui faire voir si l'herbe est plus verte dehors que dans ma salle. D'un ton calme et posé, je lui demande de sortir.

Mam'zelle (au ton calme) : Tu sors.

Elève - bébé (qui se met à bouder) : NON !

Mam'zelle (qui garde son sang froid) : Tu n'as pas à décider. Tu sors.

Elève - bébé (qui commence à taper du pied) : Mais j'ai rien faiiiiiiiiiiiiiiiiit !

Mam'zelle (qui commence légèrement à être exaspérée) : C'est à moi de juger si tu as fait quelque chose ou non. Tu perturbes le cours, donc tu sors.

Elève - bébé (toujours en train de chougner) : Mais non, je sors pas.

Mam'zelle (le sang commence à monter) : D'accord. Tu as des réactions de bébé, tu veux aussi que je t'habille comme un bébé ? Tu sors.

Elève (qui se met à rire) : Bah ouais, vous avez qu'à m'habiller, toute façon je m'en fous.

Mam'zelle : Cette comédie ne va pas durer éternellement. (Mam'zelle prend le sac de l'élève et le fout sauvagement dans le couloir, tout en gardant un ton calme) Tes camarades aimeraient travailler, donc je te prie de sortir.

Elève (qui se met à délirer comme un con) : AHAHAHAHAH. Mais je m'en fous de votre cours. Et tout le monde s'en fout aussi.

 

Mam'zelle a eu une sorte de flottement. De déprimatude (merci Ségolène). Plusieurs options s'offraient à moi. Tenter d'argumenter à base de "Mais biensur que non que tout le monde ne s'en fout pas, hein vous ne vous en foutez pas, hein ?" ce qui aurait très certainement eu l'effet de provoquer l'hilarité générale passke oui, je sais que la plupart s'en foutent royalement, et que les deux trois dans cette classe qui ont des super moyennes le font passke y'a papa maman derrière. Oui, cet élève qui m'a toujours des 20/20 et qui est calme a une maman qui n'a pas l'air de rigoler avec l'école et qui serre la vis pour que son gosse travaille. Et il travaille, apprend ses leçons. Mais il ne le fait surement pas pour la beauté de la langue que j'enseigne. Soit je me mettais en colère. A crier. Mais je n'avais pas la force de monter au créneau avec ce petit con, passke je sais comment qu'il fonctionne, plus on lui crie dessus, plus il rigole. J'ai donc décidé de faire comme si je n'avais pas entendu cette phrase, même si je l'ai entendue et que ça fait quand même tout sauf plaisir d'entendre ce genre de commentaires. A la rigueur je préfère quand il me traite de "sale conne de prof d'allemand" (oui, il est gentil n'est-ce pas ?). C'est dans ce genre de moments que tu te sens bien seule, mais faut pas montrer que t'es atteinte.

Mam'zelle (qui décide donc de ne pas s'en préoccuper, ou bien du moins de ne pas le montrer) : Tu sors.

Elève - bébé : OKKKKKKKK c'est bonnnnnn.

Epic win. Quoique. Le gosse a commencé à se mettre à chanter dans les couloirs. Après réflexion, je me dis que c'est quand même une drôle de génération. Je l'ai déjà dit, mais de mon temps (il y a siiiiiiii longtemps) aucun élève ne se serait permis de tenir tête de cette manière à un professeur. C'est à dire avec irrespect et moquerie. On le faisait dans not' coin à dire que oh putain quand même c'est qu'un connard d'être aussi méchant avec nous.

15h40 : L'élève qui est allé accompagner le chieur revient, en disant : "Vous savez, Madame, le Tigre ne va pas l'engueuler." "Ah bon, et pourquoi cela ?" "Ah passk'il était en train de manger des chocolats, de rigoler et de nous souhaiter la bonne année." Ah bah tiens. Alors là je suis encore plus enervée que contre l'élève bébé. Le Tigre m'ordonne de lui envoyer les chieurs, et après il les reçoit avec l'exemple d'un type en train de se gaver de chocolats et de rigoler. Je ne suis même pas étonnée en fait. Ce n'est pas la première fois. Mais ça a tendance à m'exaspérer légèrement.

16h10 : Sonnerie de la fin du cours. J'ai quand même l'impression que certains se sont un peu amusés à faire atelier découpage, à rigoler passk'ils n'arrivaient pas à dire "Meerschweinchen" (le cochon d'inde).

16h15 : Attente de mon collègue taxi du jour. J'en avais déjà parlé. Je le kiffe sérieux passke c'est qu'une grande gueule au grand coeur. Je l'aperçois, et je passe devant passk'il était en train de parler à un élève. Je vais écouter tout cela en direct du bureau de la secrétaire. Et là, je me prends à bien rire. Ce grand dur au grand coeur se met à littéralement détruire un de mes élèves, qui apparament a menti sur une connerie de pétard lancé dans les chiottes du bahut. "JE TE JURE TU ME MENS MAIS MOI JE SUIS UN PITTBULL, UN BULLDOG, SI J'APPRENDS QUE TU M'AS MENTI MAIS JE TE LACHE PAS DE TOUTE L'ANNEE FAIS GAFFE JE SUIS UN BULLDOG !!!!!!". La secrétaire qui me dit : "Ouhhhh, tu n'as pas peur de te faire ramener par un bulldog ?" pouffage de rire dans l'bureau. "Lui, un bulldog ? Tu parles, un petit caniche que je te le transforme moi, à me manger dans la main."

16h30 : Le bulldog donc me fait rentrer dans sa voiture. On discute sur le chemin avec comme fond musical NRJ hit miouzik only (si seulement les élèves connaissaient not' vie en dehors) jusqu'au pas de ma porte. Et voilà, la rentrée est faite. Du moins avec une de mes classes. J'attends avec impatience ma choupinette classounette.

 

2012 en fanfare donc. Et ça ne fait que commencer.

 

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Commentaires
M
@ Edith : Merciiiiiiiiiii !<br /> <br /> <br /> <br /> @ Copine : Ja wohl ! Meine liebe... portes toi bien, des bisous !
E
mein bein ist gebroren..es tut mir leid... ou un truc comme ça..<br /> <br /> courage copine.. :)
E
Bonjour!<br /> <br /> <br /> <br /> Votre blog est un bonbon....
S
C'est fou comme la durée du temps varie dans l'esprit humain en fonction du vécu. Pour moi, à présent, dix ans c'est pas long. Quand je pense à dix ans en arrière, j'ai l'impression que c'est proche.<br /> <br /> J'ai écouté la chanson dont tu donnes le lien. Elle m'a fait penser à Leonard Cohen et à "dance me to the end of love". Je ne sais pas pourquoi(le mystère des impressions)<br /> <br /> J'ai découvert Cohen en 1980 et je me souviens comme je passais du temps à l'écouter.<br /> <br /> J'ai profité tout à l'heure pour réécouter "stranger song". Un enregistement de 1969. C'est incroyable comme 69 me paraît loin de 1980. Alors qu'il n'y a que 11 ans....
M
Oui oui, c'est un temps révolu - du moins chez nous. Chez nous ils prennent allemand parce qu'il n'y avait plus de place en italien. CQFD.<br /> <br /> <br /> <br /> Rutsch veut dire glissement... littéralement "je vous souhaite un bon glissement vers la nouvelle année" ;)<br /> <br /> <br /> <br /> Et pour le siiiiii longtemps, je dirais une dizaine d'années !
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